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Les tiques sont des acariens dont on connaît 869 espèces et sous-espèces valides dans le Monde, réparties en trois familles [806], ou 889 espèces selon Ticksbase version 5.6, juin 2005 (www.icttd.nl).

  1. Les tiques dures, ou Ixodidæ, représentent environ 670 espèces connues ; elles possèdent des zones de tégument chitinisé dur.
  2. Les Argasidæ, environ 180 espèces, ont un tégument sans sclérification qui leur vaut le nom de "tiques molles".
  3. Un seul représentant des Nuttalliellidæ a été identifié, il appartient à une famille intermédiaire entre les deux précédentes.

Toutes les tiques sont hématophages, donc potentiellement vectrices de maladies.
Mais quelques unes seulement ont une importance médicale, en raison de la pathologie humaine ou vétérinaire qu’elles occasionnent. Elles transmettent une trentaine d'agents pathogènes, tant virus, bactéries, protozoaires que nématodes.
Cependant ce chiffre est susceptible d'être réévalué à la hausse, car tous les agents pathogènes n'ont pas encore été identifiés. Des intoxications à neurotoxines (paralysie à tiques), ainsi que des allergies à la salive de tiques sont également possibles.



Les Ixodidés ont un corps non segmenté, formé de 2 parties. À l'avant le gnathosome (GN) ou capitulum. À l'arrière l'idiosome formé d'une cuticule souple et extensible permettant la réplétion ; sur la face dorsale se trouve une plaque, le scutum, dont la taille est variable selon le sexe et les espèces. Les pattes sont formées de 6 segments : coxa, trochanter-fémur, patelle, tibia, tarse terminé par une ventouse (pulville) et 2 griffes (respectivement: C, Tr et Fémur, Pa, T, TA, P, cliquer pour agrandir le schéma). Illustration tirée de Ticks.



organe de HallerLa première paire de pattes porte l'organe de Haller (voir photo http://www.zecken.de ci contre). Cet organe sensoriel situé dans une dépression du tarse, est sensible à la fois au degré d'hygrométrie, aux phéromones, au gaz carbonique, aux métabolites exhalés par les ruminants, à l'acide lactique...
Il sert d'organe olfactif à la tique. Les poils sont sensibles aux vibrations et aux variations de température.

Stimate (I. ricius)À l'exception des larves qui en sont dépourvues, les tiques respirent grâce à un système trachéolaire très ramifié prolongé par de très fines trachéoles qui amènent l'oxygène jusqu'au contact des organes.
Les 2 troncs tachéolaires s'ouvrent sous forme de stigmates situés en arrière des coxae 4. Ils sont entourés d'une plaque stigmatique, de taille et de forme variables selon les espèces, constituée d'une sorte de tamis garni de poils hydrophobiques qui ont la propriété de retenir une mince épaisseur d'air (Schmidt-Nielsen 1997). Ce plastron permet à la tique de survivre plusieurs jours en immersion totale. Dans le cas de Dermacentor variabilis, cette survie peut se prolonger jusqu'à 3 semaines [898]

Les pédipalpes eux aussi, ont un rôle sensoriel, ils possèdent des chémorécepteurs. Les pièces buccales sont constituées par les chélicères et l'hypostome. Les chélicères servent à percer et dilacérer les tissus. Elles permettent ainsi la pénétration de l'hypostome qui s'ancre solidement dans les tissus grâce à ses dents placées sur la face ventrale. (image http://res2.agr.ca/ecorc/ti/extern-structures_images_e.htm#fig_02d.gif)

Hypostome (I. ricinus)



L'identification des Ixodidés s'établit à partir de l'étude de structures morphologiques (de préférence chitinisées, car indéformables après engorgement). Elle est largement orientée par la connaissance de l'hôte d'accueil et la provenance.
Pour y pavenir, il est nécessaire de disposer d'une loupe binoculaire au grossissement de 60 fois minimum, munie d'un bon éclairage épiscopique. Cette tâche, loin d'être évidente pour les tiques adultes, devient particulièrement complexe pour les stases pré-imaginales, même si l'on est muni des clés d'identification !


Aide à l'identification en ligne:

De nouvelles techniques moléculaires offrent maintenant la possibilité d'identifier les différentes espèces eurasiennes de tiques d'importance médicale, quel que soit leur stase: Ixodes ricinus, Ixodes persulcatus, Ixodes hexagonus, Dermacentor reticulatus [939]. Ces techniques demeurent du domaine de la recherche.


Pour des informations plus complètes, en rapport avec les tiques de France métropolitaine, on se rapportera à :
Les tiques. Identification, biologie, importance médicale et vétérinaire
de Claudine Pérez-Eid [447].

 





Le cycle évolutif des Ixodidæ se déroule en trois stases:

De l’œuf naît une larve hexapode, inframillimétrique, à peine perceptible à l’œil nu.
Après s’être fixée pendant quelques jours sur un vertébré pour se gorger lentement de sang, elle se laisse tomber sur le sol, pour digérer et muer...

En une nymphe octopode mesurant environ un millimètre à jeun. Le deuxième repas de sang est pris dans les mêmes conditions de durée. La nymphe repue mesure alors 2mm, elle se détache et tombe au sol pour muer ...

En une tique adulte de 3 à 4 mm. La femelle, après copulation, devra une dernière fois se gorger pleinement de sang, jusqu’à prendre la taille d’un petit pois. Ce repas lui permettra de pondre de 1 000 à 20 000 œufs, selon l'espèce et le sang ingéré, avant de se dessécher et de mourir.



Cycle d'Ixodes ricinus


Malgré le nombre d'oeufs pondus, la densité de ces acariens reste relativement stable d'une année sur l'autre. Le taux de survie demeure en effet très modeste, en raison des conditions climatiques et des prédateurs.
ponte d'Ixodes ricinusPar exemple pour I. ricinus, après l'éclosion des 2 à 3000 oeufs, maximum, 5% des larves survivent, et seulement 10 % d'entre-elles parviennent à la stase nymphale. Vingt pour cent d'entre-elles parviendront à la stase adulte.
Il faut donc environ 2000 oeufs pour obtenir un couple reproducteur et maintenir l'équilibre [293].
Le mâle ne s'alimente pas, ou rarement et très peu.
La durée d’un cycle est en moyenne de 2 à 4 ans, pouvant aller à 7 ans si les conditions climatiques ne sont pas favorables.





Les préférences écologiques des tiques sont variables : certaines espèces vivent en milieu ouvert, d'autres en milieu abrité. Les premières sont dites exophiles, les secondes endophiles (ou pholéophiles). Une même espèce peut également occuper successivement les 2 habitats, en fonction des périodes de son cycle biologique. La densité des tiques est liée aux associations végétales, à l'hygrométrie, au cycle des saisons, autant qu'à la diversité des hôtes. Elle est donc étroitement liée au climat, qui influence à la fois la végétation, la température et l'hygrométrie.
La distribution spatiale des tiques est aussi régie par le maximum de probabilités de rencontre avec l'hôte, c'est à dire zones de nourrissage, zones de repos ou le long des coulées des animaux. Les tiques exploitent leur temps de fixation sur l'hôte pour se déplacer passivement, cependant en l'absence d'hôte, même les larves sont capables de se déplacer sur de courtes distances [845]. Ce comportement semble assez fréquent chez I. ricinus quand il fait chaud ; il est maintenant bien connu chez R. sanguineus qui adopte une stratégie d'attaque et élargit sa sélectivité lorsque la température s'élève au delà de 30°C.

Dermacentor marginatus femelle
Cependant, à la différence des autres arthropodes hématophages, tels que les moustiques, les tiques ne disposent pas de moyens importants de déplacement. Les tiques exophiles sont majoritairement des tiques dures. Elles passent des mois à survivre au sol, attendant de rencontrer un hôte à leur convenance pour effectuer 2 à 3 repas qui ne dureront au maximum en tout qu'une vingtaine de jours.


Ces repas constituent leur unique source d'énergie pour les mues et le temps en attente d'hôtes. Très sensibles à la dessiccation les tiques doivent redescendre régulièrement au sol pour se réhydrater.
Leur durée de quête décroît donc avec le pouvoir desséchant de l'air.
Par contre, leur période de repos au sol est indépendante de ce facteur.
Plus il fait sec plus les tiques se déplacent, toutefois leurs déplacements sont maximaux la nuit, alors que l'hygrométrie est plus élevée et le risque de dessiccation minoré [846].
Le choix des sites de quête est régi par la présence d'hôtes. La nuit la tique perçoit mieux les traces odorantes déposées fraîchement par ses hôtes potentiels sur les herbes, elle se poste alors dans leurs traces, là où ils risquent le plus de repasser.
Les tiques ont développé une stratégie de détection de l'hôte à distance qui revêt la plus grande importance. Dès qu'elles perçoivent la proximité d'un hôte, elles s'activent au sommet de leur brindille [280]. La rencontre avec l’hôte est conditionnée par sa densité de population, aussi bien que par la dimension du biotope.
Les tiques ne provoquent donc que rarement de réelles épidémies, comme en 1975 dans le comté de Lyme; mais leur pullulation associée aux changements du mode de vie sont à l’origine de cas d’infections sporadiques de plus en plus fréquents.

Ixodes ricinus femelleL’activité d'I. ricinus est conditionnée par les heures chaudes de la journée, par des températures comprises entre 7 et 25°C. Cette espèce est quasiment inactive pour les températures inférieures et entredans une sorte de diapose lorsque la chaleur est intense et l'hygrométrie basse. De ce fait, dans le quart nord-est de la France, son activité s'étend de mai à octobre, avec une accalmie en juillet-août.
Une activité unimodale est rencontrée dans les zones où les conditions climatiques sont moins favorables. Le risque de contracter une maladie de Lyme en Alsace, ou en Lorraine, est de toute façon très limité de janvier à février.
Une activité bimodale est observée dans les zones où les températures cumulées de mars à juillet sont suffisantes pour autoriser une mue rapide permettant à la tique de reprendre une quête automnale.


Pour se nourrir, quelle que soit sa stase, I. ricinus pratique l’affût (exophile) : les larves se postent au sommet d'herbes basses, où l'hygrométrie est la plus importante ; les adultes plus résistants montent quelquefois jusqu'à 1,50 mètre, sur des herbes, des ronces ou des fougères (voir schéma ci-contre). Installées à leur poste, les tiques tendent leurs 2 deux pattes antérieures dès qu'elles perçoivent l'arrivée d'un hôte potentiel puis agrippent sa fourrure, les vêtements ou la peau s'il s'agit d'un humain. Le réflexe d’accrochage paraît stimulé par le mouvement, la chaleur ou l’émission de dioxyde de carbone.

I. ricinus est dépourvu d'yeux, mais il possède des photorécepteurs qui lui permettent d'évaluer la luminosité. Son activité se poursuit dans l'obscurité, alors que l'hygrométrie s'accroît ; cette particularité lui permet de parasiter les hôtes vertébrés aux moeurs nocturnes [256].
Certaines espèces de tiques sont pourvues d'yeux qui leur permettent de se diriger à vue vers leurs hôtes. C'est notamment le cas des Hyalomma spp. qui sont capables d'identifier un chameau et de se diriger vers lui ; le fait a été démontré expérimentalement les tiques se diririgent très sûrement vers les images qui représentent leur hôte de prédilection.

Les hôtes des tiques [304]
Certaines espèces d'Ixodidae, dites monotropes, se gorgent sur une seule espèce, ou une seule famille, de rongeurs, de bovidés ou de carnivores. Rhipicephalus sanguineus qui choisit le chien à ses 3 stases en est un excellent exemple.
Les larves et nymphes de Dermacentor reticulatus ont un tropisme marqué pour les micro-mammifères myomorphes, alors que l’adulte se fixe sur des hôtes de grande taille comme les chiens, les cervidés, les suidés ou occasionnellement sur l’homme ; il est l'exemple type de la tique ditrope.
Ixodes ricinus
lui, n’a pas de tropisme marqué aux stases larvaire et nymphale (larves et nymphes ubiquistes), mais il marque une nette préférence pour les mammifères de grande taille (sélectivité plus restreinte) à la stase adulte, il est dit télotrope.




Effets du changement climatique sur les tiques et les maladies à tiques en Europe [775].
L'augmentation d'incidence des maladies à tiques en Europe semble être favorisée en partie par le changement climatique. La densité des tiques n'est pas seule responsable car on observe que les pics de densité des tiques sont décalés des pics de morsures, même lorqu'il y a peu de tiques. Le comportement humain est très certainement en partie responsable, car on observe que les morsures résultent en fait de périodes de fréquentation humaine plus intense du milieu naturel.
Les données concernant I. ricinus, les Dermacentor sp. et Rh. sanguineus montrent que l'aire de répartition de ces vecteurs progresse vers le nord et les altitudes plus élevées où les températures sont plus clémentes et l'hygrométrie plus favorable..
Les hivers plus cléments expliquent probablement aussi l'élargissement de la période d'activité d'I. ricinus, au point que la tique peut pratiquement être collectée durant tout l'hiver; le fait est établi par Dautel et al. autour de Berlin [776].

Outre l'augmentation de l'activité vextorielle, les projections d'avenir en fonction d'un réchauffement climatique font redouter la naturalisation possible au sud de l'Europe de 8 espèces de tiques d'importance médico-vétérinaire et des agents pathogènes qui leurs sont associés : Boophilus, Dermacentor, Hyalomma, Rhipicephalus.
Voir Hyalomma marginatum et la Fièvre de Congo-Crimée

 

Facteurs environnementaux de variation de l’abondance des tiques Ixodes ricinus dans des zones d’étude modèles en Auvergne. Thèse de doctorat d'université de Chloé Boyard [503].
Effects of climate change on ticks and tick-borne diseases in europe. Gray JS et al.[775].
The Sensory Physiology of the Sheep Tick, Ixodes Ricinus L. Lees AD. [847].


Contrairement aux autres arthropodes hématophages, les ixodidés ont la particularité de se gorger très lentement.
Après s'être agrippée à la fourrure d'un animal passant à sa proximité, la tique se déplace sur son hôte jusqu'à trouver une zone richement vascularisée. Elle doit alors s'y ancrer solidement pendant plusieurs jours à l'aide de son hypostome, afin d'avoir suffisamment de temps pour parvenir à se gorger complètement.

Pour éviter toute réaction de défense de l'hôte, qui pourrait compromettre la fixation par un toilettage trop vigoureux, la tique s'est adaptée afin de passer la plus inaperçue possible [274]. Elle se fixe en un endroit discret et opère de façon indolore.
Ses chélicères sont capables de découper l'épiderme sans provoquer la moindre douleur. Sa salive, digère progressivement les tissus de l'hôte, et ouvre graduellement la voie à la pénétration de l'hypostome dans la peau, sans éveiller l'attention de l'hôte.
La tique provoque ensuite la formation d'une cavité dermique qui se remplit de sang et d'exsudats tissulaires, qu'il ne lui reste plus qu'à aspirer au travers de son hypostome.

La durée du gorgement varie, selon les espèces et les stases. Habituellement, une première phase lente d'environ 1 semaine permet à la tique de décupler son poids ; elle est suivie d'une seconde phase rapide, de 12 à 24 heures, où la tique le décuple encore. Le volume de sang ingéré en réalité n'est pas de 100, mais de 200 à 300 fois son poids. Les glandes salivaires de la tique Glande salivaire tiqueont en effet la capacité de concentrer ses ingesta avant de réinjecter l'excédent de fluides à l'hôte. Pendant toute la durée du gorgement, elles produisent une quantité importante de salive qui permet non seulement d'éliminer l'excès d'eau, mais aussi d'équilibrer la balance ionique.
Ces glandes salivaires sont dotées de 3 types d'acini possédant chacun des fonctions propres : production de cément et de diverses substances… Elles sont aussi le siège de différents agents pathogènes et de toxines susceptibles d'être injectés à l'hôte [275]

Tique fixée à demi gorgéeToute effraction de la barrière cutanée, morsure, ou piqûre, provoque normalement la miseen œuvre des facteurs de l'hémostase : vasoconstriction et coagulation. Ce phénomène peut être accompagné de réactions inflammatoires ou d'hypersensibilité.
Les macrophages convergent vers le site de ponction, pour phagocyter les débris et les bactéries ; les basophiles pour libérer de l'histamine et de la sérotonine ; il s'en suit une inflammation et une éruption autour du site de ponction. La fixation de la tique ne pourrait donc pas se prolonger sans déjouer efficacement les mécanismes de protection de l'hôte (toilettage, hémostase et immunité). D'autant moins que sa salive contient de nombreuses substances protéiques (SGE), susceptibles de déclencher des réactions antigéniques.



Toute ingestion de basophiles, ou d'une des armes chimiques qu'ils émettent par dégranulation, Modulation dimmunite par des tiquesse solderait irrémédiablement par la destruction du tube digestif puis de la tique. D'ailleurs, en cas d'immunité acquise de l'hôte, la tique ne dispose d'aucun moyen pour rester fixée ; le gorgement est perturbé et la tique doit se laisser tomber prématurément.
Une faille dans la stratégie de la tique, qui ouvre la voie à une immunité artificiellement induite par vaccination. Cette technique est déjà utilisée avec succès en médecine vétérinaire, pour protéger les troupeaux bovins australiens.
Différentes voies d'immunité impliquées dans les interactions
complexes
tiques-vertébrés-micropathogènes (K.McCoy, V. Staszewsky)

Pour contourner les défenses de l'hôte, la salive de la tique contient des substances qui contrecarrent l'hémostase (anticoagulants Ixodes ricinus contact phase inhibitor (Ir-CPI), [795] et prostaglandines vasodilatatrices), de puissants antihistaminiques inhibent la dégranulation des basophiles. Cette salive contient également des substances qui limitent l'adhésion et la fonction inflammatoire des polynucléaires neutrophiles, l'Ir-LBP bloque la LTB4 et altère l'efficacité des neutrophiles [796], favorisant ainsi la transmission d'agents pathogènes qui pourraient avoir été injectés [276, 314, 322]. Par exemple, Borrelia burgdorferi exploite la protéine salivaire Salp 15 d' I. scapularis pour infecter la souris [337]. La protéine salivaire IRIS (pour Ixodes ricinus immuno- suppressor) diminue la réponse cellulaire de l'hôte.

De possibles applications thérapeutiques à venir ?
Les propriétés pharmacologiques de la salive de tique sont particulièrement nombreuses et variées, certaines pourraient bientôt trouver des applications thérapeutiques chez l'homme dans le domaine de l'allergie, de la coagulation et du cancer.

Ainsi l'Ixodes ricinus contact phase inhibitor (Ir-CPI), une protéine de type Kunitz exprimée par les glandes salivaires de la tique, pourrait bientôt être exploitée pour ses propriétés antithrombotiques [628,795].

Selon AM Chudzinski-Tavassi (Institut Butantan de Sao Paulo), certaines substances contenues dans la salive de Amblyomma cajennense possèderaient des propriétés anticancéreuses. Il s'agit d'une protéine anticoagulante appelée Facteur X active proche du TFPI (Tissue Factor Pathway Inhibitor), qui aurait la capacité de réduire, voire de détruire certaines tumeurs. Cette découverte prometteuse publiée par l'AFP le 28 septembre 2009 devra être confirmée par des années de recherche [860].




Quarante et une espèces de tiques ont été signalées en France continentale et en Corse [333, 809]. Onze espèces seulement sont impliquées dans le parasitisme humain [809].
Quatre Ixodidés (Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus, D. marginatus et Rhipicephalus sanguineus) sont à l’origine de la plupart des pathologies les plus fréquentes et les plus importantes. Ixodes ricinus joue un rôle majeur en pathologie humaine.
Dans l'est de la France plusieurs espèces exophiles pouvent se fixer sur l’homme : Ixodes ricinus, Dermacentor reticulatus, D. marginatus, peut-être aussi Hæmaphysalis concinna et H. punctata.

Par son adaptation au milieu urbain, I. hexagonus représente une possible menace pour la Santé publique.



Ixodes ricinus
est l’espèce de loin la plus répandue en France, il est capable de se nourrir tant sur les reptiles que sur les oiseaux ou les mammifères. Il accepte plus de 300 espèces d'hôtes.
À ses trois stades évolutifs il est susceptible de s’attaquer à l’homme. Très hygrophile, il vit dans les sous-bois humides; sa présence est non seulement liée à des groupements végétaux précis, mais aussi à celle des animaux sauvages ou domestiques. Cet Ixodes est présent partout en France, sauf à des altitudes excédant 1200 mètres, dans des régions trop sèches ou inondables. Il ne peut cependant pas survivre sans une constante humidité.
Son importation accidentelle à la maison, par un chien ou des vêtements ne présente donc pas grand risque de transmission pour ses occupants ; très rapidement, si l'hygrométrie est inférieure à 70%, il va se dessécher et mourir.
En Lorraine I. ricinus joue un rôle de premier plan dans les maladies transmises par les tiques. Il est notamment vecteur d'Anaplasma phagocytophilum, de Bartonella henselae, d'au moins quatre génotypes pathogènes de Borrelia, de Rickettsia helvetica, de Babesia, des virus TBEV-CEE, Eyach.

Ixodes ricinus repartion geographique

 

Dermacentor reticulatus
est également une espèce exophile à certaines stases. L'adulte pratique l’affût sur la végétation, mais davantage en milieu ouvert qu’I. ricinus, car il préfère les prairies et les bosquets, aux forêts où il se limite plutôt à la lisière des chemins et aux clairières.
Sa présence est retrouvée aussi en zone rurbaine (péri-urbaine) et suburbaine, notamment dans les terrains vagues. Sa densité de population est très inégale sur le territoire français, mais il semble présent partout. D. reticulatus reste actif presque toute l’année, bien qu'il ne puisse pas être collecté par des températures inférieures à 0°C. Il marque une véritable diapause en été. Cette tique est le vecteur principal de Francisella tularensis (Mollaret), le vecteur secondaire du virus de l’encéphalite TBE (sous-type CEE), peut-être de Borrelia et de Rickettsia et du virus Erve (ERV).

Dermacentor reticulatus repartition geographique

 

Dermacentor marginatus
est une espèce très voisine de D. reticulatus, tant sur le plan de la morphologie que sur celui de agents pathogènes qu'elle transmet. Elle est retrouvée un peu plus au sud, notamment dans les pays qui bordent la Méditerrannée. L'espèce est toutefois régulièrement collectée en Lorraine par l'auteur, elle est présente jusqu'à 2 500 mètres d'altitude [608].

Dermacentor marginatus

Dermacentor marginatus repartition geographique

 

Rhipicephalus sanguineus
est abondant dans le midi méditerranéen et le sud-ouest de la France. Il peut aussi être importé au nord de la Loire dans les bagages, ou par un chien, et survivre en extérieur à la belle saison. Son adaptation parfaite à la sécheresse lui permet les invasions domiciliaires, des cas ont été décrits non seulement en France septentrionale, mais en Belgique, en Angleterre, en Suisse et au Danemark. Tique endophile, xérophile et inféodée au chien, Rhipicephalus sanguineus adulte, sa larve, ou sa nymphe, peuvent aussi s’attaquer aux habitants de la maison avec les risques infectieux habituels [8]. Il est vecteur et réservoir de diverses Rickettsia sp. du complexe de R. conorii, occasionellement il a la capacité de transmettre le WNV ou différentes espèces de Leishmania y compris dans le sud de la France [832].

Rhipicephalus sanguineus repartition geographique



Pholeoixodes hexagonus
est une tique endophile présente dans toute l'Europe occidentale, en plaine comme en montagne, jusqu'à des altitudes de 1380 m. C'est l'espèce la plus abondante en Europe après I. ricinus. Ses stases pré-imaginales restent actives toute l'année. Cette tique, parasite du hérisson, du renard et des Mustellidés, se fixe fréquemment sur les chiens et les chats domestiques. Elle a la capacité de transmettre B. burgdorferi aux vertébrés et de maintenir l'infection au sein d'une population de tiques par transmission transstadiale et transovarienne. Elle joue ainsi un rôle important dans l'écologie de la borréliose de Lyme en assurant la circulation de B. burgdorferi, dans les zones où I. ricinus est absent et pendant les périodes où il est inactif.
I. hexagonus a également la capacité de transmettre le virus de la méningoencéphalite à tiques, peut-être aussi Theileria annae (Camacho et al, 2003) et C. burnetii (Sixl et al, 1989) [391].
Il s'adapte particulièrement bien à la ville, comme son hôte principal, le hérisson.
Cette espèce se fixe volontiers à l'homme, s'il pénètre dans son habitat. Le risque "de rencontre" est relativement faible, mais il a été décrit comme un fléau durant les bombardements de Londres, lorsque la population devait régulièrement descendre aux abris (Browning, 1944) [392].

 

Pholeoixodes hexagonus femelle

 


Dernière mise à jour : le 14 10 2010
Remerciements à Cl. Pérez-Eid et M. Becker

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