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Les Argasidés sont des acariens présents partout dans le Monde, avec une nette prédilection pour les régions les plus chaudes du globe. Par le nombre, ils représentent la seconde des trois grandes familles de tiques. Elle compte environ 180 espèces, réparties en 3 genres principaux : Argas, Otobius et Ornithodoros.
Ces tiques ont un tégument dépourvu de sclérification qui leur vaut le nom de "tiques molles". Leur dimorphisme sexuel est nettement moins marqué que chez les Ixodidés. Comme toutes les tiques, elles sont exclusivement hématophages et donc potentiellement vectrices d'agents pathogènes. Selon les espèces, elles peuvent transmettre des virus, des bactéries, des protozoaires ou des nématodes. Leur salive allergisante est aussi fréquemment à l'origine de réactions allergiques chez l'hôte.




Argas reflexusLes Argasidés ont l'allure générale des acariens : leur corps a une forme ovale, il est composé de 2 régions : le capitulum et l'idiosome.
Leur tégument chitinisé est dépourvu de scutum, ce qui leur vaut le nom de " tiques molles ".
Selon les espèces, la taille des adultes peut atteindre de 10 à 20 mm.

Argas reflexus camerostome
Les adultes vus de dessus montrent un idiosome de forme ovale aplatie. Ce corps coriace et ridé n'est pas prolongé, comme chez les Ixodidés, par des pièces buccales. Le capitulum est en effet caché à la face ventrale, dans le camérostome.
Photos d'Argas reflexus B. Pesson.

Argas reflexus larveSeules les larves (hexapodes) ont un capitulum nettement séparé de l'idiosome, en position terminale. Elles possèdent également des pulvilles au niveau du dernier article tarsal, alors que les autres stases en sont dépourvues. Comme pour toutes les autres tiques, l'identification des argasidés est largement orientée par la connaissance de l'hôte d'accueil et la provenance. Par contre, elle s'avère particulièrement difficile et relève exclusivement des spécialistes.

 

Aide à l'identification en ligne:


Pour des informations plus complètes, en rapport avec les tiques de France métropolitaine, on se rapportera à :
Les tiques. Identification, biologie, importance médicale et vétérinaire
de Claudine Pérez-Eid [447].


 

Les Argasidæ possèdent un cycle de développement en trois stases, larvaire, nymphale et adulte. Pour se gorger, les argasidés ne se fixent qu'une trentaine de minutes, avant de se laissent tomber au sol et se dissimuler à nouveau dans le nid ou le terrier de leur hôte. C'est à cet endroit que les femelles pondent de 20 à 150 gros œufs dans les fissures et anfractuosités.

Les larves hexapodes ont une allure rappelant celles des Ixodidés, avec un capitulum antérieur et des pulvilles aux 6 pattes. La durée de leur repas est de l'ordre de 2 à 10 jours, si l'on excepte quelques espèces d'Ornithodoros qui ne se gorgent pas, ou seulement en quelques heures. Après le repas la larve se détache et entre en pupaison.

La nymphose est constituée de 2 à 7 stades, habituellement 4 ou 5.
Les mâles, plus petits, requièrent un nombre moins important de stades.
À l'exception du pore génital et d'une taille moindre, les nymphes ont une morphologie comparable à celle de la femelle. Chaque stade fait suite à une mue simple, correspondant à un bref repas de sang suivi par une augmentation de taille.

Les adultes apparaissent lorsque la taille et les fonctions physiologiques sont compatibles. Mâles et femelles effectuent de nombreux repas durant toute leur vie.


Cycle des argasides






Ornithodoros concanensisLe caractère principal des Argasidés est l'endophilie. Ces tiques particulièrement sédentaires, sont généralement monotropes. Elles restent généralement toute leur vie à proximité immédiate de leur hôte, dans un nid d'oiseau, un terrier de mammifère, une grotte, une fissure, une muraille, ou sous l'écorce d'un arbre...
Image
http://www.forestryimages.org/browse/detail.cfm?imgnum=1418023


Columba liviaEn conséquence, de nombreuses générations se succèdent généralement dans le même micro habitat.
Dans ces conditions microclimatiques souvent très stables, les tiques ne rencontrent habituellement pas de grosses difficultés à trouver leur hôte. Comme les Ixodidés, elles sont guidées grâce aux vibrations, à l'émission de CO2 et à la chaleur qu'elles perçoivent, perçus par l'organe de Haller. Le plus souvent, elles restent cachées le jour et piquent pendant la nuit (Argas persicus, A. reflexus).
Les repas de sang sont habituellement toujours pris sur la même espèce d'hôte, quel que soit le stade de développement des tiques.
La plupart des espèces d'Argasidés peuvent rester à jeun de un à dix ans après le départ de leur hôte.
Elles sont dotées d'une très grande longévité.

Profitant de cette très grande stabilité, certains micro-organismes ont pu longuement co-évoluer avec les Argasidés, notamment de nombreuses espèces de Nairovirus et de Borrelia de fièvres récurrentes. Fruits de cette longue co-évolution, Ornithodoros erraticusles agents pathogènes sont très étroitement liés à leur vecteur. Outre la grande diversité d'espèces de tiques, il en résulte une différentiation géographique de souches de microorganismes strictement adaptés à leur vecteur. L'exemple le mieux connu est celui des Borrelia des fièvres récurrentes à tiques dont une quinzaine d'espèces sont connues de par le Monde.
Quelques espèces d'argasidés sont susceptibles de se fixer sur l'homme lorsque leur hôte de prédilection vient à manquer. Les plus fréquemment rencontrées Argas monolakensis, Ornithodoros coriaceus, O. erraticus et O. moubata.
Photo : http://www.parassitologia.unina.it/PDF/zecche.pdf




Argas persicusLe cycle de développement des Argasidés nécessite un repas de sang à chaque stase et à chaque stade. Pour Argas persicus et A. reflexus la durée de ce repas varie en fonction du stade de développement, la larve se fixe de 3 à 10 jours, alors que les différentes stases de la nymphose se gorgent pendant 1 à 2 heures, Ornithodoros coriaceus peut avoir besoin de faire jusqu'à 7 repas nymphaux. Selon la température, les tiques atteindront la maturité en 3 à 36 mois. Photo http://www.raptus.it/ images/image242.jpg

Durant toute leur vie, mâles et femelles effectuent de nombreux repas qui ne durent pas généralement plus 15 à 20 minutes. A. persicus peut prendre jusqu'à 7 repas, si besoin sur des hôtes différents. Tous ces repas sont suivis chez la femelle par la ponte de 20 à 150 gros œufs, dans les fissures et anfractuosités de son habitat. Les accouplements ont lieu indifféremment avant ou après les repas. A défaut de leur hôte de prédilection, certaines espèces peuvent mordre l'Homme, il s'agit essentiellement d'Argas et d'Ornithodoros.

Ornithodorus moubataLes Argasidés ne se gorgent pas de façon aussi spectaculaire que les tiques dures, ils n'absorbent que 3 à 4 fois leur poids de sang par repas. Ils sont, malgré tout, obligés d'éliminer les excédents d'eau et de sels ingérés. Pour y parvenir, ils disposent de moyens totalement différents de ceux mis en œuvre par les Ixodidés.

Ornithodoros moubata glandes coxales
Les fluides sont éliminés en quantité importante par les glandes coxales, que l'on peut facilement voir sourdre à la base des coxa 1 et coxa 2. Ce mécanisme paraît particulièrement adapté à la prise de repas rapides.
Selon les espèces, le processus est enclenché soit à la fin de la phase de gorgement, soit aussitôt après avoir quitté l'hôte. Ce qui revêt une très grande importance épidémiologique dans la mesure où ce liquide coxal est potentiellement contaminant pour l'hôte.
La salive n'intervenant pas, ou presque pas, pour éliminer les fluides vers l'hôte, les Argasidés n'en injectent que très peu. Leurs glandes salivaires étaient, naguère, supposées être beaucoup moins complexes que celles des Ixodidés, et ne compter que 2 types d'acini ; ce qui vient d'être récemment infirmé par une étude sud-africaine [334]. La salive des argasidés a la capacité de produire des substances lytiques, anesthésiques et anticoagulantes, nécessaires au bon déroulement de la morsure et du gorgement. Il semble la substance la plus fréquemment allergisante serait une lipocaline (protéine destinée à empêcher l'inflammation en bloquant l'histamine et la sérotonine).





Argas reflexus [333]
est une espèce retrouvée partout en France, là où vit au moins une cinquantaine de pigeons, que ce soit dans les pigeonniers, les clochers ou les greniers des vieilles habitations, à la campagne ou en ville.
Les A. reflexus colonisent les vieux murs où ils sont capables de survivre des années après le départ des pigeons. Les adultes peuvent tenir jusqu’à dix ans sans se nourrir, les nymphes persistent pendant plus de 3 ans, et les larves jusqu'à 1 an.
Il s’agit d’une espèce monotrope, toutefois privée de son hôte habituel, elle peut infester les humains vivant à proximité immédiate comme le relate en détail le papier de H Benoît-Bazille de 1909 [968].
A. reflexus
occasionne des morsures douloureuses à l’origine de réactions locales diverses (ecchymoses, prurit, allergies locales), voire de chocs anaphylactiques.
Cette espèce s’est également révélée porteuse de 7 arbovirus (notamment Grand Arbaud, et Pontevès en Camargue) et de Rickettsiales qui n’ont pour l’instant pu être attachés à aucune pathologie. Elle peut transmettre les virus du West Nile (WNV) et Chenuda.
Malgré de multiples enquêtes, son supposé rôle de vecteur de Borrelia burgdorferi n'a jamais été établi.
Période d'activité verno-estivale.

Argas reflexus repartition geographique




Argas persicus

Est une espèce voisine d'Argas reflexus, c'est la tique de volailles, elle fréquente les poulaillers, mais pas les pigeonniers. Cette espèce est rencontrée en Corse, elle est vectrice de la spirochétose aviaire à Borrelia anserina et de l’égyptianellose à Aegyptianella pullorum, qui ne sont pas transmissibles à l'Homme. Elle a été trouvée porteuse de bactéries identiques à Rickettsia slovaca en Arménie en 1974 (Rehacek et al, 1977).
Sa morsure occasionne surtout des réactions allergiques.
Sa période d'activité principale est estivale.
Photo http://www.zoetecnocampo.com/jump/jump.cgi?eimeria.chez.tiscali.fr/Ectoparasites/argas.html




Argas vespertilionis

Argas vespertiolionisC'est une tique cavernicole, inféodée aux chauves-souris, on la trouve fréquemment dans les grottes et les creux de rochers. Elle est présente pratiquement sur tout le territoire national à moins de 900 m d'altitude, et dans tous les pays limitrophes.
L'espèce est spontanément porteuse de Coxiella burnetii. Si l'on exclut sa morsure allergisante, son rôle pathogène est inconnu pour l'Homme.

Les larves et nymphes actives en automne hiver, les adultes surtout en août.
Gravure http://infovet.chonnam.ac.kr/vetparasitology/vetpar/laboratory/Tickkey/others/Argas_vespertilionis(ma,fe).htm





Ornithodoros coniceps
Comme Argas reflexus, c'est une espèce rencontrée dans les pigeonniers, qui ne rechigne pas à envahir les habitations pour piquer les occupants. En France, elle a une répartition méridionale, assez limitée. Des morsures sont relatées chez l'homme en France et en Espagne, essentiellement chez des personnes ayant séjourné dans les rochers et les grottes occupées par des pigeons bisets (Gil Collado, 1947; Keirans, 1984).
Outre les allergies provoquées par sa morsure, son rôle pathogène mal connu.
Toutes les stases ont une activité verno-estivale.


Gravure http://infovet.chonnam.ac.kr/vetparasitology/vetpar/laboratory/Tickkey/others/Ornithodoros_capensis(ma,fe).htm



Ornithodoros capensis
Sous-espèce d'O. coniceps, parasite les oiseaux de mer qui le transportent dans le monde entier. On peut le trouver dans toutes les zones de nidification françaises (côtes de la Manche et de l'Atlantique, en passant par la Bretagne). Il est connu pour être porteur du virus du West Nile (WNV), mais son rôle pathogène pour l'homme n'est pas mieux connu que celui d'O. coniceps.
Des morsures d'O. capensis maritimus sont régulièrement rapportées en France, cette tique commune chez les oiseaux de mer de tout le littoral français. Elle transmet le virus Soldado qui pourrait occasionner un problème de santé publique, là où prolifèrent les goélands en zone urbaine ; elle est également porteuse du virus Meaban [194,195].
Toutes les stases sont actives de mai à juillet.

 

Tableau des Arboviroses transmises par les tiques en France





Dernière mise à jour : le 27 12 2009
Remerciements à Cl. Pérez-Eid et B. Pesson

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