Page d'accueilPage d'accueil

 

Be notified of
page updates
it's private
powered by
ChangeDetection

 

La babésiose, appelée aussi piroplasmose en raison de l’aspect piriforme que prennent les parasites intra-érythrocytaires, est une maladie causée par des protozoaires voisins des Plamodium : les Babesia. Le parasite est inoculé aux vertébrés par un vecteur (habituellement un Ixodes), il provoque une anémie hémolytique fébrile, qui est décrite tant dans le nouveau monde que dans l’ancien.

Depuis 1968, les Américains ont décrit environ 200 cas de babésioses humaines faisant suite à des morsures de tiques, surtout dans les états du nord-est des États-Unis et du sud-est du Canada. L’infection est le plus souvent due à Babesia microti, qui reste habituellement asymptomatique mais peut être mortelle dans 5 % des cas chez des patients fragilisés ou lors de co-infections.

Bien que le premier cas ait été décrit dès 1957 en Croatie, les babésioses cliniques sont beaucoup plus rarement signalées en Europe, puisque nous ne connaissons que 39 cas documentés dont 12 en France (ECDC, 2009 et Orphanet, site accédé le 25 02 09)[589]. Dans cette région du Monde, elles sont essentiellement dues à Babesia divergens affectant surtout des patients splénectomisés (environ 84%), le taux de mortalité est de 42 % . Une étude séro-épidémiologique conduite chez des donneurs de sang de l’ouest de la France montre toutefois une séroconversion asymptomatique de 3 % [16].
D’autres études menées en différents pays de la Communauté mettent en évidence une prévalence importante de
Babesia microti et de Babesia sp. EU1 nommée provisiorement B.venatorum. Les premiers cas humains sont publiés, peut-être simplement du fait de la meilleure connaissance de la maladie par le corps médical. De morphologie similaire et possédant une réaction croisée avec B. divergens, il ne peut être formellement exclu que ce parasite soit responsable d'une partie des cas cliniques attribués jusqu'à présent à B. divergens...


Parasitologie

Les babésioses sont des parasitoses transmises par les tiques. Elles affectent les animaux vertébrés, surtout les mammifères dont les canidés, les équidés, les bovidés et les rongeurs [207].

Depuis les travaux du roumain Babès en 1888, environ une centaine d’espèces a été découverte ; de nouvelles continuent à l’être. Parmi elles, certaines sont pathogènes pour l’homme, comme Babesia duncani (ex sp.WA1) et MO1 découvertes aux États-Unis, ou EU1 en Europe.
Babesia venatorum (sp. EU1) a d'ores et déjà été isolée chez 3 splénectomisés souffrant de babésiose, en Allemagne, en Autriche et en Italie [471, 651,810].
Ce protozoaire avait d'abord été détecté chez des chevreuils slovènes et I. ricinus en Suisse et en Slovénie.
Son isolement chez les chevreuils français confirme maintenant que cet animal est bien l'hôte réservoir. Il montre aussi que son aire de répartition n'et pas restreinte à une région d'Europe. Sa prévalence est d'ailleurs tout à fait comparable
21.6% en Slovénie et 23 à 26 % en France [472,755].
La compétence vectorielle d'I. ricinus pour transmettre Babesia venatorum est maintenant démontrée expérimentalement [755].

Les Babesia sont des hématozoaires intra-érythrocytaires.
Leur observation sur le frottis sanguin, de préférence à la goutte épaisse qui provoque trop d’artéfacts, permet de voir deux formes :

Babesiaannulaires ressemblant à Plasmodium falciparum. Mais aucune espèce de Babesia ne renferme de pigment coloré, contrairement aux Plasmodium (qui contiennent un pigment noir : l’hémozoïne). Le diagnostic différentiel ne pose donc pas de difficulté.

piriformes les Babesia sont reliées par leur extrémité la plus fine, deux par deux donnant des formes dites géminées chez les grandes Babesia, ou quatre par quatre, en tétrade chez les petites Babesia (la classique « croix de Malte »).

C’est d'ailleurs la disposition intra-cellulaire et la taille qui permettent le diagnostic cytologique, et le classement en micro et macro Babesia.
Macro-Babesia : B. divergens (4µm x 1,5µm) est nettement plus grosse que B. microti. Dans ce groupe de taille de 2,5 à 5µm figurent B. divergens, Babesia bovis, Babesia canis, Babesia odocoilei et sp. EU1.
Micro-Babesia : inclus de protozoaires de 1 à 2,5 µm dont Babesia gibsoni (agent de la piroplasmose canine), B. rodhaini et B. microti (2µm x 1,5µm) qui serait en fait une Theileria.

Les gamétocytes présents dans le sang sont d’identification difficile.

Susceptibilité interindividuelle
L'expérimentation sur le sang de mouton vient de montrer qu'il existe des variations inter-individuelles très importantes de sensibilité des érythrocytes, alors même que les conditions de culture et les souches de parasites sont rigoureusement identiques. De ce fait, le mouton représente un excellent modèle d'expérimentation in vitro pour l'étude de l'infection parasite/ érythrocyte. Ce travail conduit avec B. divergens chez des moutons non splénectomisés montre que 13 % des moutons seulement sont susceptibles de tenir le rôle d'hôte réservoir pour ce parasite, tout en restant asymptomatiques [754].

Cycle evolutif

Cycle evolutif Issus de la sporogonie chez la tique, les sporozoïtes de Babesia traversent le revêtement cutané de l’hôte par la brèche occasionnée par la morsure, il semblerait qu’ils pénètrent alors immédiatement dans ses érythrocytes pour entrer dans la phase de mérogonie.
La pénétration des mérozoïtes dans les érythrocytes s’effectue d’une manière comparable à celle qu’utilise le Plasmodium [207].

La tique femelle qui s’infecte lors d’un repas de sang, voit sa descendance contaminée par transmission transovarienne, puis trans-stadiale, sur au moins deux générations [150,650,755]. L’infection peut donc se maintenir quelques années dans la population d’Ixodes, sans avoir à recourir à un hôte vertébré. Ce mode de transmission est une adapatation rarement observées chez les pathogènes autres que Babesia spp. et Theileria spp. transmis par les tiques, il est caractéristique de ces deux genres.
Cette adaptation leur permet de se maintenir à long terme dans l'écosystème, en fait elle leur laisse le temps d'accomplir leur cycle biologique sexué qui est notoirement plus long que celui des bactéries.



Epidemiologie
Depuis des années, différentes études européennes montrent des taux d’infestation importants de B. microti chez Microtus agrestis, jusqu’à 71% en Bavière en 1979 (G.Walter). Selon K. Hunfeld, dans le sud-ouest de l’Allemagne en 1998, la prévalence humaine de la babésiose murine était d’environ 8 % dans la population générale et de 13 à 18 % dans les populations à risque [145]. En 1999, pour l'ensemble de la population de la même région. Ce même auteur retrouvait des séroprévalences moyennes de 5,4% et de 3,6 %, respectivement pour B. microti and B. divergens [206].
En Suisse, la prévalence chez I. ricinus est importante aussi, et localement au moins, la compétence de la tique à transmettre est considérable [321], trois espèces pathogènes pour l'homme sont identifiées : Babesia microti, B. divergens et Babesia venatorum [757,758]. La prévalence de ces 3 espèces vient d'être montrée chez I. ricinus collecté en forêt suburbaine [974]. L'enquête conduite par A. Mathis, de 2005 à 2007, montre la présence autochtone de B. divergens dans toute la Confédération ; dans les Grisons B. bigemina et différentes Theileria spp. sont découvertes du complexe buffeli/sergenti/orientalis ; l'étude montre aussi que Babesia microti est largement représentée dans la population de rongeurs en Suisse [658,659].
En Autriche, durant l'été 2005, la prévalence globale des Babesia spp. atteignait 51,04 %. Trois souches étaient détectées chez I. ricinus : B. divergens, B. divergens-like, et Babesia sp. souche DD [653].
Les micromammifères (rongeurs et insectivores) connus pour héberger les stases préimaginales des tiques arborent des prévalences allant jusqu'à 50 % [750].
L'enquête menée de 2003 à 2007 aux Pays-Bas montre également la présence de Babesia venatorum et de B. microti chez I. ricinus [672]. En France, la prévalence de Babesia venatorum a été estimée à 26 % [755].
En 2010 en Belgique, une PCR réalisée pour 1005 tiques prélevées chez des chats et des chiens a amplifié la partie 18SrRNA des Babesia spp. dont 3 pour B. microti (3,1 %) et 6 pour B. venatorum (2,6 %), elle montre aussi l'existence de co-infections avec Borrelia burgdorferi ss [947].

La discrétion et le peu de spécificité de l'infection pourraient expliquer le peu de cas humain de babésioses déclaré. Il se pourrait aussi que les souches européennes - de B. microti notamment - soient moins virulentes que celles observées aux États-Unis.
De rares cas cliniques ont été décrits en Allemagne, en Belgique, en Bosnie en 1996 et Suisse en 1999 [203, 578]. Toutefois l’incidence humaine de la babésiose murine paraît largement sous-estimée [151]. Il n’est d'ailleurs pas impossible que B. microti ait une responsabilité dans quelques cas de babésiose humaine en France [8].

Babesiose divergensLe principal réservoir de Babesia divergens est constitué par les bovins. Pour les éleveurs de l’ouest de la France l’enjeu économique est d’ailleurs considérable, puisque 22 000 cas de babésiose bovine ont été recencés en Normandie en 2 années (1970-1971). La compétence d' I. ricinus et les transmissions transovarienne et transstadiale sont bien établies [650].
Les cas cliniques humains identifiés sont rares, toutefois il est très vraisemblable que la discrétion de la symptomatologie clinique chez les patients immunocompétents explique que la maladie reste le plus souvent méconnue. La publication de 2 cas cliniques au printemps 2009 à Colmar conforte grandement cette hypothèse [931].


M. agrestisDans toute l’Europe, les micromammifères myomorphes constituent le réservoir de B. microti. Le vecteur principal de ce protozoaire est la tique I. trianguliceps, qui ne se fixe pas sur l'homme. Cependant les stase préimaginales d' I. ricinus se nourrissent principalement sur ce même réservoir et possèdent la compétence pour lui transmettre cette Babesia murine [551]. Les transmissions transovarienne et transstadiale sont bien établies.


ChevreuilsBabesia venatorum. Après 3 cas cliniques survenus chez des patients splénectomisés, il est maintenant bien établi que B. venatorum est pathogène pour l'homme [471, 651]. Sa prévalence est supérieure à 20 % chez son hôte, le chevreuil qui est d'ailleurs porteur de B. capreoli dont la sérologie est croisée avec B. divergens [652]. Elle est d'autant plus préoccupante que la compétence d' I. ricinus vient d'être confirmée [472, 660,756]. B. venatorum a été détectée sur des tiques transportées par des oiseaux migrateurs dans l'enclave nord-ouest de la Russie [924].

Personnes à risque
La population à risque est constituée par les individus ayant des activités extérieures en zone rurale. Dans 83 % des cas, les formes symptomatiques concernent les splénectomisés [16], quelle qu’en soit la raison. Les immunodéprimés sont touchés dans une moindre mesure, ainsi que ceux recevant un traitement de rituximab [817].
L’association avec le VIH a été décrite aux États-Unis, mais pas encore en Europe.
L
es personnes âgée de plus de 50 ans, ainsi que celles dont l'immunité est discrètement déprimée, se montrent aussi plus vulnérables, notamment les femmes enceintes et les diabétiques [533].


La séroconversion des non splénectomisés immunocompétents montre l'existence de formes asymptomatiques [16]. Cette information épidémiologique revêt la plus grande importance dans le domaine du don de sang et d'organes...


De multiples cas d'infection de patients ont été publiés chez des personnes transfusées [579], immunodéprimées et/ou greffées [158-162, 204, 549]. Une cinquantaine d'accidents est dénombrée annuellement aux États-Unis [663].
Un premier cas de babésiose murine transfusionnelle autochtone (européenne) a été publié en 2007 (IJSTD-IX 2007), mettant en jeu une patiente leucémique et un donneur de sang asymtomatique [579].
Voir la page Transplantation et transfusion

 

Clinique

La littérature médicale oppose classiquement les formes cliniques rencontrées de part et d’autre de l’Atlantique, B. divergens donnant des formes cliniques gravissimes, qu’il est rare de rencontrer avec B. microti.
La reconnaissance de B. microti en Europe, puis la découverte de Babesia sp. WA1, MO1 aux États-Unis rendent cette distinction quelque peu obsolète.

Forme “européenne” à Babesia divergens

Cycle B divergensLa babésiose bovine survient de une à trois semaines après l’inoculation du parasite. Il s’agit d’une infection saisonnière dont l’apparition correspond à la période d’activité des tiques, de mai à octobre. La maladie n’est pas contagieuse, on la rencontre dans les régions d’élevage bovin d’Europe, la France et la Grande-Bretagne représentent environ 2/3 des cas. Chez nous, l’infection à Babesia divergens, est essentiellement observée dans l’ouest de la France. Cycle biologique de Babesia divergens (Y Boedec d'après Mehlhorn et Walldorf, 1988)

La population à risque est constituée par les individus ayant des activités extérieures en zone rurale. Dans 83 % des cas, les formes symptomatiques concernent les splénectomisés [16], quelle qu’en soit la raison. Les immunodéprimés sont touchés dans une moindre mesure. L’association avec le VIH a été décrite aux États-Unis, mais pas encore en Europe. La séroconversion des non splénectomisés immunocompétents démontre l’existence de formes asymptomatiques [16].

Après une incubation silencieuse de une à trois semaines, survient une hémolyse intravasculaire se traduisant cliniquement par l’émission d’urines rouges voire même noires, le patient présente une fièvre importante supérieure à 40 °C associée à des frissons, des sueurs profuses, des lombalgies, des céphalées et myalgies, des douleurs abdominales et un ictère orangé.

L’hémoglobinémie due à l’hémolyse entraîne alors la survenue d’une insuffisance rénale aiguë, par sa toxicité directe sur les tubules rénaux. La surcharge hydrosodée fait suite et provoque l’œdème pulmonaire.

La biologie objective un effondrement du taux d’hémoglobine à 7-8 g/100 mL, voire 4g/100mL, alors que le taux d’hémoglobine plasmatique croît au delà de 50 g/L [16]; l’hémoglobinurie est également importante, elle colore les urines.

La mortalité est importante, s’élevant jusqu’à 42% chez les patients splénectomisés [153, 509].


Pour plus d'information, sur Babesia divergens on se rapportera au
Babesia divergens, a bovine blood parasite of veterinary and zoonotic importance de Zintl A [509].
Review Article Update on Babesiosis. Vannier E, Krause PJ. [816].

 

Forme “américaine” à Babesia microti

À la lumière des récentes études vétérinaires européennes, de la prévalence de la maladie dans la population générale allemande et suisse, des cas cliniques belges suisses et allemands...Il paraît de moins en moins défendable de parler des babésioses murines exclusivement “ américaines”. Ces babésioses sont généralement moins dramatiques et beaucoup plus variables que la babésiose bovine. Un grand nombre de cas reste même totalement asymptomatique, 5 % de décès sont cependant relevés.

Cycle microti
Après une incubation moyenne de 8 jours, apparaissent progressivement fatigue, malaise et anorexie. Puis la fièvre s’élève pendant quelques jours, accompagnée de sueurs profuses, de céphalées et de myalgies, la guérison survient habituellement après des semaines, voire des mois d’évolution. Le traitement adapté ne permet pas toujours une rétrocession plus rapide des signes cliniques [14,154,155,156].

Les formes cliniques se répartissent d’asymptomatiques (très fréquentes) à très graves chez des patients à risque (rares). La symptomatologie est alors similaire à la babésiose à B. divergens.

Des formes graves sont toutefois aussi décrites chez des patients immunocompétents non splénectomisés [157]. Des infarctus et des ruptures spléniques ont même été observés, ils seraient d'ailleurs largement sous diagnostiqués [534,762].
La splénectomie habituellement réalisée risque alors de placer les patients dans une situation de fragilité
surtout s'ils sont à risque dans une région de forte endémicité pour les maladies à tiques. Il vient d'être montré aux États-Unis que dans certains cas diagnostiqués précocement, la transfusion de plaquettes associée à une surveillance étroite pourraient permettre de surseoir à la chirurgie [953].

Un premier cas de babésiose murine transfusionnelle européenne (autochtone) a été publié en 2007 (IJSTD-IX 2007), chez une patiente leucémique ayant reçu une transfusion d'un donneur de sang asymtomatique [579]. Avec la prévalence observée dans la population générale il fallait s'y attendre...

Onze cas de babésiose néonatale ont été décrits jusqu'à présent, 2 après morsure de tique, 6 après transfusion, un troisième cas de babésiose congénitale vient d'être publié en mai 2009 [674].

 

Co-infections et hémovigilance

  • De nombreux cas de babésiose transfusionnelle sont survenus ces dernières années aux États-Unis. Ces incidents mettent l’accent sur l’importance d'une détection préalable des donneurs de sang asymptomatiques et sur le risque transfusionnel [158 à 161]. Le nombre de décès signalés s'accroît depuis 1997, il montre la nécessité d'envisager systématiquement la babésiose lors des incidents transfusionnels, même hors des zones d'endémie [763].
    Dobroszycki vient d’en observer 6 nouveaux occasionnés par les produits dérivés d’un seul et unique don de sang, effectué par un homme asymptomatique [162]. Des cas associés à des transplantations d'organes ont été décrits [204].

  • 23 % des babésioses américaines sont co-infectées avec la borréliose de Lyme [16,163 à 168], ou avec les ehrlichioses [16,164,165]. Dans le sud-ouest de l'Allemagne, la séro-prévalence atteint 8 % chez les donneurs de sang, et 18,1% des patients en phase primaire de la borréliose de Lyme [205]. Ces estimations ont été récemment confirmées en Allemagne et en Suisse [203, 206]. Un cas mortel de co-infection par B. burgdorferi et Ba. divergens est survenu en Finlande en 2004 [861].
  • La babésiose peut persister de manière asymptomatique pendant des mois, puis reprendre avec une symptomatologie clinique [154]. Le traitement réduit la durée de l’infection, mais il n’est pas dénué d’effets secondaires [169]. Des résistances ont été observées.
  • D’autres observations sont également de nature à nous garder vigilants:

    1. La babésiose, notamment à B. microti, paraît avoir un effet immunodépresseur [170,171].

    1. Le parasite reste infectieux après 3 à 5 semaines de stockage à + 4°C [16].


    Transmission transplacentaire ou périnatale

    grosesseUn cas de transmission foeto-maternelle de babésiose à B. microti a été décrit et bien étayé aux États-Unis
    . La mère mordue une semaine avant l'accouchement est restée totalement asymptomatique, alors que son enfant a présenté la maladie à un mois. Les sérologies de la mère et l'enfant étaient alors positives. Un traitement par clindamycine (40 mg/kg/j en IV) et sulfate de quinie (25mg/kg/j en 3 prises p.o.) a permis une guérison rapide [954-955].


    Diagnostic différentiel

    Le paludisme présente des tableaux cliniques tout à fait comparables à ceux de la babésiose, ils peuvent facilement égarer le diagnostic. Cependant la babésiose ne provoque jamais d’accès fébriles intermittents, contrairement au paludisme dont la fièvre peut revêtir différents aspects. Dans les deux cas le diagnostic repose sur la mise en évidence de formes intra-érythrocytaires sur le frottis sanguin [156].

    La babésiose murine doit être envisagée systématiquement dans le diagnostic différentiel des maladies liées aux morsures de tiques. L’hypothèse d’une co-infection doit également être étudiée, a fortiori dans les formes graves.

    Biologie
    On se rapportera très utilement au concensus d'aide décisionnelle pour une bonne pratique de la prise en charge diagnostique des borréliose de Lyme, anaplasmose granulocytaire humaine et babésiose au États-Unis
    .
    (IDSA, novembre 2006) [404].

     

    Diagnostic direct

    La ressemblance avec le paludisme a souvent égaré le diagnostic cytologique, qui là aussi, est basé sur la mise en évidence du parasite sur des frottis de sang périphérique colorés au Giemsa. Mais à la différence des Plasmodium, les Babesia ne renferment pas de pigment et les gamétocytes sont difficilement identifiables, la découverte de formes géminées ou de tétrades permet le diagnostic, le taux de parasitémie est très variable (de 1 % à 80 %) [156].

    Diagnostic sérologique

    L’identification de l’espèce est très difficile à établir sur lame et ne peut être effectuée que grâce à la sérologie.
    L'immunofluorescence indirecte est considérée comme positive à des titres >1:64 pour les infections par B. microti. Des titres >1:1 024 sont communément atteints. La sensibilité de l'IFI dépend de la souche de Babesia utilisée.
    Les test ELISA reposant sur des peptides synthétiques de B. microti sont plus sensibles que l'IFI. Les IgG se positivent de 2 à 4 semaines après le début de l'apparition des symptômes.
    Ces tests ne sont pas disponibles en France.

    Il existe une réaction croisée entre B. divergens et Babesia venatorum (et aussi B. capreoli). L'absence de réalisation systématique du test moléculaire risque très probablement d'aboutir à la sous-évaluation de la prévalence de ce parasite identifié récemment [755].

     

    PCR

    Le génome de B. microti peut être détecté jusqu'à 27 mois après la parasitémie chez des patients non traités. La méthode est plus sensible que l'ELISA. La PCR in situ est maintenant capable de détecter l'ADN de B. microti, même sur des frottis déjà colorés [383, 662].

    Culture

    L’inoculation à l’animal (hamster, gerbille ou veau splénectomisé) permet d’observer une parasitémie dans les 2 à 4 semaines.


    Traitement

    Babésiose bovine

    Toute suspicion de babésiose doit être considérée comme une urgence absolue. Un traitement doit être initié le plus rapidement possible, comprenant transfusion et thérapeutique antiparasitaire, afin d’enrayer au plus vite l’évolution de la babésiose; la prolifération des parasites est responsable de l’hémolyse intra-vasculaire qui conduit inévitablement à l’insuffisance rénale aiguë. Le temps de doublement de la parasitémie est inférieur à 8 heures [16].

    Le protocole thérapeutique est le suivant:

      exsanguino-transfusion de 2 à 3 masses sanguines.

      administration de clindamycine IV 600 mg 3 à 4 fois par jour. Le protocole décrit en 1987 [167] a été couronné de succès, il comprend également quinine per os 600 mg 3 fois par jour. De récentes études ont démontré qu’in vitro l’emploi de la quinine n’apportait pas d’efficacité supplémentaire [169].

    Babésiose murine

    Dans la plupart des cas, le traitement antalgique antipyrétique suffit, ou même l’abstention thérapeutique. Un traitement médical agressif doit cependant être engagé en présence de critères de gravité tels que le sexe masculin, les phosphatases alcalines supérieures à 125 U/L ou un taux de leucocytes supérieur à 109 /L [173]. Le protocole européen n’est utilisé que pour les formes graves. L’azithromycine a permis de guérir des patients qui ne répondaient pas au traitement classique [14].

    Les immunodéprimés infectés par B. microti sont candidats à de possibles rechutes.
    Un traitement d'au moins 6 semaines est nécessaire, suivi d'un frottis sanguin de contrôle à 15 jours pour s'assurer de la guérison [817].

     


    Pour plus d'information, on se rapportera au
    Cahier de formation Biologie Médicale n° 23 de Bioforma. Chapitre IV. Diagnostic biologique des babésioses [497].

     

     

    QCM

    Quels sont les facteurs de risque de la babésiose ?

    Réponse :

    l’âge supérieur à 50 ans
    le HIV
    la splénectomie
    la maladie de Lyme
    la transfusion sanguine
    tous

    Quelles informations sont susceptibles d’orienter le diagnostic vers une babésiose ?

    Cliquez ici pour la réponse

    Diagnostic biologique de la babésiose :

    Cliquez ici pour la réponse

    Un homme de 30 ans en bonne santé, sans antécédents médicaux se voit découvrir de manière fortuite quelques Babesia microti intra-érythrocytaires. Quelle est la conduite à tenir ?

    Réponse :

    le placer sous clindamycine
    sous quinine
    les 2 à la fois
    s’abstenir de tout traitement et du don de sang et d'organes !

    Dernière mise à jour : le 02 02 2011

    Cette page a été construite avec Dreamweaver 4.0

    Page d'accueil

     

    Rechercher sur internet avec Health On the Net Foundation's MedHunt